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Portrait | Caroline Sébille, sage-femme à Oppagne

Caroline Sébille | Sage-femme sur Durbuy

 

Caroline Sébille, d'Oppagne, est une des rares sages-femmes indépendantes que l'on puisse trouver dans notre région. Au quotidien, elle accompagne des couples à accueillir au mieux leur bébé et répond à toutes les questions qu'ils peuvent se poser une fois que bébé est né. Mais pas seulement...

 

Nous vous invitons donc à découvrir le cœur de son métier, de sa passion au travers de cet entretien.

 

Bonne lecture !

ADL : Pouvez-vous nous parler de votre formation, parcours professionnel et nous expliquer pourquoi vous avez choisi d’exercer le métier de sage-femme ?

Caroline Sebille : J’ai fait un graduat d’infirmière avec une spécialisation pour devenir sage-femme et je travaille depuis 17 ans au sein de la maternité de Marche-en-Famenne. Au 1er octobre 2020, je me suis lancée comme sage-femme indépendante, à titre complémentaire. 

J’ai choisi d’exercer ce métier pour pouvoir participer à un événement unique dans la vie d’une femme, dans la vie d’un couple : la naissance de leur enfant. Jusqu’alors, je partageais cet événement uniquement dans le cadre hospitalier, lors de l’accouchement et du séjour à la maternité. M’installer comme indépendante me permet non seulement de rencontrer les futurs parents à leur domicile pour la préparation à la naissance mais aussi d’assurer le suivi post-natal une fois qu’ils ont quitté la maternité avec bébé. Les deux activités se complètent à merveille et c’est vraiment très enrichissant. 


ADL : Quel est le quotidien d’une sage-femme ?


C.S. : Le travail en milieu hospitalier est vraiment très varié ! A la maternité, vu qu’il s’agit d’une petite structure, j’ai la chance de travailler tant au niveau du bloc « accouchement » (prise en charge du travail et accouchement) qu’au niveau du suivi « post-partum » (prise en charge des soins à la maman et au bébé) ou encore au sein de la structure néo-natale qui permet d’accueillir les bébés qui ont une difficulté particulière (prématurité, petit poids…). Néanmoins, j’ai eu l’envie d’élargir mon champs d’actions en éduquant et conseillant les (futurs) parents du début de la grossesse jusqu’au 1er anniversaire du bébé (NDLR : la sage-femme est habilitée à la prise en charge jusqu’aux 12 mois du bébé).

 

Caroline Sébille, en tant que sage-femme indépendante, propose un suivi de préparation à la naissance et un suivi post-natal (maman-bébé) - ©Pixabay

ADL : Quels types de suivi proposez-vous et à quelle fréquence ?

C.S. : Il existe plusieurs préparations à la naissance telles que la sophrologie, l’haptonomie, des initiations collectives à l’utilisation du « Swiss Ball » (gros ballon), etc. Elles sont toutes complémentaires. Vu que je suis sage-femme hospitalière, en ce qui me concerne, je donne des informations qui relèvent du pratico-pratique : « Comment vivre au mieux la grossesse ? », « Quand venir à la maternité ? », « Quels sont les signes annonciateurs du travail ? », « Que prendre pour venir à la maternité ? », « Comment se déroulent le travail et l’accouchement ? », « Qu’est-ce que la péridurale ? », etc. Je tiens à préciser que je ne fais pas de consultations médicales (Celles-ci sont réservées au gynécologue et à la sage-femme hospitalière) ni d’accouchement à domicile.

ADL : Et au niveau du suivi post-natal ?


C.S. : Le séjour en milieu hospitalier est de plus en plus court. Afin que les parents puissent obtenir des réponses aux nombreuses questions qu’ils se posent, la maternité leur conseille de prendre contact avec une sage-femme pour assurer un suivi post-natal. Mon rôle est alors d’apporter les réponses attendues sur, par exemple, le sommeil du bébé, son alimentation, les soins à lui donner, l’allaitement, le « peau à peau », etc. En tant que sage-femme, je peux aussi poser certains actes médicaux comme changer un pansement, faire une injection ou encore une prise de sang. Ayant suivi une formation « Massage bébé », c’est aussi un petit plus que je propose pour le confort et le bien-être du bébé.

 

ADL : A quelle fréquence fait-on appel à une sage-femme ?


C.S. : En prénatal, je rencontre les gens en fonction de leurs besoins. Pour un premier bébé, c’est généralement au moins 2 fois. Ceux qui sont déjà parents font plus rarement appel, à l’exception de ceux qui ont un projet plus spécifique comme une préparation à l’accouchement sans péridurale.

En postnatal, il faut savoir qu’il y a, au minimum, 6 consultations qui sont 100% remboursées par la mutuelle (voire plus, si nécessaire). Personnellement, j’ai fait le choix d’être conventionnée et je pratique le tiers-payant. A nouveau, je m’adapte en fonction des besoins du bébé et du couple. Dans les premiers jours qui suivent le retour à la maison, je propose mon passage au moins 2 fois par semaine. Et puis, j’espace un peu les visites. Tout cela se fait en complémentarité avec un suivi par le pédiatre et/ou avec l’ONE (Office de la Naissance et de l’Enfance).


ADL : En cette période sanitaire, avez-vous eu plus de demandes ? Les parents ont-ils encore plus besoin d’être rassurés ?


C.S. : Oui, en effet ! Sans que ce soit volontaire de ma part, je dirais que je me suis lancée au bon moment ! Non seulement parce que les séances collectives de préparation à la naissance sont suspendues dans les hôpitaux mais aussi parce que les couples qui ont déjà des enfants veulent quitter la maternité au plus vite. En effet, les visites de fratries sont encore souvent interdites en cette période et la maman a le temps long après ses aînés et hâte de leur présenter leur petit frère ou petite sœur. Dès qu’elle le peut, elle écourte son séjour en sachant qu’une sage-femme passera prendre soin d’elle et de son bébé. La demande est donc belle et bien là ! Mais nous sommes peu nombreuses dans la région.


ADL : Quelle est votre collaboration avec les gynécologues, les pédiatres ou encore les services de l’ONE ?

 

C.S. : En prénatal, il n’y a pas spécialement de contact avec les gynécologues. Cependant, il peut m’envoyer une de ses patientes pour un suivi de préparation à la naissance. En postnatal, on travaille en collaboration avec le pédiatre et l’ONE. Chacun des acteurs a sa place. La visite d’une sage-femme ne remplacera jamais une visite chez le pédiatre. La sage-femme se chargera plus de la dyade « maman-bébé » et pourra poser quelques gestes médicaux que l’ONE ne fera pas. Et enfin, l’ONE est, de son côté, habilité à suivre l’enfant jusqu’à ses 6 ans.

 

Caroline Sébille, en tant que sage-femme indépendante, propose un suivi de préparation à la naissance et un suivi post-natal (maman-bébé) - ©Pixabay

 

ADL : Fait-on appel à vous plus souvent pour une préparation ou pour un suivi à la naissance ?

 


C.S. : Proportionnellement, j’ai plus de demandes pour des suivis que des préparations. Cela s’explique notamment parce que, généralement, ce sont les « primigestes » (les femmes qui sont enceintes pour une première fois) qui m’appellent pour une préparation à la naissance. Celles qui sont déjà mamans ressentent moins ce besoin (Sauf, comme je le disais avant, s’il existe un projet de naissance spécifique).

ADL : Avez-vous développé des partenariats ?


C.S. : J’ai un partenariat « fictif » avec une autre collègue, Sophie Gratien, qui s’est également lancée comme sage-femme indépendante à domicile. Elle est aussi dans la région mais couvre d’autres communes que moi. Nous avons été approchées par le centre ChromoPlus de Rendeux pour donner des ateliers collectifs à l’utilisation du « Swiss Ball » pendant la grossesse (Pour soulager les douleurs de dos, les jambes lourdes…) et pendant le travail et l’accouchement (positionnement du bassin…). Initiations qui se tiendront dès que ce sera à nouveau permis ;-)


ADL : Quelles sont les qualités indispensables d’une sage-femme ?

 

C.S. : Être à l’écoute pour cibler au mieux les besoins et attentes des gens. La patience est également une qualité importante, tant avec la maman qu’avec le bébé. Il faut aussi beaucoup de bienveillance

La plupart du temps, les situations sont heureuses mais il y a aussi des cas difficiles, voire dramatiques. Il est alors essentiel de faire preuve d’empathie mais aussi de se protéger moralement. J’en profite d’ailleurs pour saluer toute l’équipe avec laquelle je travaille à la maternité de Marche parce que dans ces moments plus compliqués, il est essentiel de pouvoir partager, échanger et se soutenir entre collègues. 


ADL : Est-ce que le regard de maman que vous êtes a changé la manière de pratiquer votre métier ?


C.S. : Inévitablement oui ! Même si on peut être une bonne sage-femme sans forcément être maman car la formation est poussée et l’expérience de terrain importante mais, fatalement, quand on a vécu la maternité, ça renforce notre expérience.

ADL : Jusqu’à présent, comment vous êtes-vous fait connaître ? 

 


C.S. : Lorsque nous avons commencé, avec ma collègue, nous avons envoyé un courrier aux médecins généralistes, pédiatres et gynécologues de la région pour signaler notre nouvelle activité. J’ai également créé ma page Facebook et me suis affiliée à l’UPSFB (Union Professionnelle des Sages-Femmes de Belgique) dont le site internet est très bien référencé. Le bouche-à-oreille commence aussi, maintenant, à bien fonctionner. Autre moyen, un petit livret remis aux parents à leur sortie de la maternité qui reprend les coordonnées utiles pour leur retour à la maison. Y figurent notamment, les coordonnées de sages-femmes exerçant dans un rayon de 20 km autour de l’hôpital. Je dispose également de cartes de visite.

 

ADL : Faire partie de l’Union professionnelle des sages-femmes belges, est-ce important, voire incontournable pour vous ?

 

C.S. : D’abord, c’est une aide et des conseils bien utiles quand on démarre une activité de sage-femme indépendante. Ensuite, c’est une visibilité assurée grâce à leur site internet. Et, enfin, l’affiliation permet de se tenir au courant de ce qui se passe dans la profession, notamment en termes de formations. C’est très intéressant quand on sait que pour le maintien de notre diplôme, on a une obligation de formation continue de 75h en 5 ans. 


ADL : Quelle(s) difficulté(s) rencontrez-vous dans l’exercice de votre activité ?

 

C.S. : En tant qu’indépendante, je dirais que c’est l’aspect organisationnel qui est le plus difficile à gérer. Quand les parents m'appellent pour un suivi postnatal, en général, ils souhaitent ma visite dès leur retour à domicile (au plus tard dans les 48h). Il faut donc une grande disponibilité. D’où l’intérêt de ma « collaboration » avec ma collègue Sophie Gratien. On peut s’entraider si on n’est pas disponibles dans l’immédiat. 


ADL : Quels sont vos objectifs/perspectives pour les années à venir ?

 

C.S. : D’abord, trouver mon équilibre entre les deux aspects de mon métier. Ensuite, pourquoi pas, ouvrir un cabinet à mon domicile pour les activités de préparation à la naissance et les ateliers de massage bébé.


ADL : Quels conseils donneriez-vous aux futurs indépendants qui voudraient « se lancer » ?

 

C.S. : Bien prendre ses renseignements auprès d’autres indépendants du même secteur d’activité avant de commencer et puis… foncer ! Parce que si on en a l’envie, on y arrivera !


 

 

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caroline.sebille@hotmail.com

 

 

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Entretien rédigé par Caroline Lamy, mars 2021